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niſation qui les ſoumet à la ſervitude, par la pareſſe de l’eſprit & le relâchement des fibres, leur donne une vigueur, un courage inouïs, pour un effort extraordinaire : lâches toute leur vie, héros dans un moment. On a vu l’un de ces malheureux ſe couper le poignet d’un coup de hache, plutôt que de racheter ſa liberté par le vil miniſtère de bourreau. Un autre avoit été mis légèrement à la torture pour une faute de peu d’importance, dont même il n’étoit pas coupable. Son reſſentiment le décide à ſe ſaiſir de la famille entière de ſon oppreſſeur & à la porter ſur les toits. Le tyran veut rentrer dans l’habitation, & eſt lancé à ſes pieds le plus jeune de ſes enfans. Il lève la tête, & c’eſt pour voir tomber le ſecond. À genoux & déſeſpéré, il demande, en tremblant la vie du troiſième. La chute de ce dernier rejeton de ſon ſang accompagnée de celle du nègre lui apprend qu’il n’eſt plus père ni digne de l’être.

Cependant rien n’eſt plus affreux que la condition du noir dans tout l’archipel Américain. On commence par le flétrir du ſceau ineffaçable de l’eſclavage, en imprimant