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la petite-vérole ſur les nègres, qui eſt de reſpecter ceux qui naiſſent au-delà de l’équateur, & de n’attaquer jamais les autres dans l’enfance. C’eſt par la multiplicité & la variété des effets, qu’on parvient quelquefois à deviner les cauſes des maladies, & à trouver leurs remèdes.

Quoique toutes les nations qui font le commerce d’Afrique, aient un intérêt égal à la conſervation des eſclaves dans la traversée, elles n’y veillent pas toutes de la même manière. Elles s’accordent à les nourrir de fèves de marais, mêlées d’un peu de riz ; mais elles diffèrent dans d’autres traitemens. Les Anglois, les Hollandois, les Danois, tiennent rigoureuſement les hommes aux fers, ſouvent même les femmes : la foibleſſe de leurs équipages les réduit à cette sévérité. Les François, plus nombreux, accordent plus de liberté ; ils briſent tous les liens trois ou quatre jours après leur départ. Les uns & les autres, ſur-tout les Anglois, ſe relâchent trop ſur la fréquentation de leurs matelots avec les captives. Ce déſordre donne la mort aux trois quarts de ceux que la navigation de Guinée détruit chaque année.