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leurs beſoins. Les Portugais des iſles du Prince & de Saint-Thomas n’y envoient que quelques chaloupes. Les Hollandois en tirent de l’ivoire, de la cire & des bois de teinture. Les Anglois y achètent preſque tous les eſclaves que font les unes ſur les autres ces petites nations, perpétuellement acharnées à leur deſtruction mutuelle. Il n’y a point de grand entrepôt, où ſe faſſent les échanges. Les Européens ſont forcés de s’enfoncer avec leurs bateaux juſqu’à cinquante & ſoixante lieues dans ces marais infects. Cette pratique entraîne des longueurs exceſſives, coûte la vie à une infinité de matelots, & occaſionne quelques meurtres. On verroit ceſſer ces calamités, s’il s’établiſſoit un marché général à l’iſle aux Perroquets, ſituée à dix lieues de l’embouchure du Gabon, & où peuvent aborder d’aſſez grands navires. La Grande-Bretagne le tenta, ſans doute avec le projet de s’y fortifier & l’eſpoir d’arriver à un commerce excluſif. Son agent fut maſſacré en 1769, & les choſes ſont reſtées comme elles étoient.

On obſervera que les eſclaves qui ſortent du Bénin, du Calbari & du Gabon ſont