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ſera. Si l’on veut abſolument la ſoutenir, il faudra que nos négocians achètent exceſſivement cher, & qu’ils vendent dans les proportions aux colonies, qui, de leur côté, ne pouvant livrer qu’à un prix énorme leurs productions, ne trouveront plus de conſommateurs. Mais, juſqu’à ce période, qui eſt peut-être moins éloigné que ne le penſent les colons, ils vivront tranquillement du ſang & de la ſueur des nègres. Ils trouveront des navigateurs pour en aller acheter & ceux-ci des tyrans pour en vendre.

Les marchands d’hommes s’aſſocient entre eux, & formant des eſpèces de caravanes, conduiſent dans l’eſpace de deux ou trois cens lieues, pluſieurs files de trente ou quarante eſclaves, tous chargés de l’eau & des grains néceſſaires pour ſubſiſter dans les déſerts arides que l’on traverſe. La manière de s’en aſſurer, ſans trop gêner leur marche, eſt ingénieuſement imaginée. On paſſe dans le col de chaque eſclave une fourche de bois de huit à neuf pieds de long. Une cheville de fer rivée, ferme la fourche par derrière de manière que la tête ne puiſſe pas paſſer. La queue de la fourche, dont le bois eſt