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le droit de choiſir l’époux qui leur convient, fût-il engagé ; de l’empêcher d’avoir d’autres femmes ; de le répudier lorſqu’il leur déplaît, & même de lui faire trancher la tête, s’il eſt infidèle. Ces princeſſes, ſi on peut leur donner ce nom jouiſſent de leurs privilèges, avec une fierté dédaigneuſe & une grande sévérité, comme pour ſe venger ſur le malheureux qui leur eſt ſoumis, de l’eſpèce de ſervitude à laquelle eſt condamné leur ſexe.

Son ſort eſt déplorable. Chargées des travaux de la campagne, les femmes le ſont encore des ſoins domeſtiques. Seules, elles doivent pourvoir à la ſubſiſtance & à tous les beſoins de leur famille. Jamais elles ne paroiſſent devant leur mari que dans une poſture humiliante. Elles le ſervent toujours à table, & vont vivre enſuite de ce qu’il n’a pas pu ou voulu manger. Cet état de peine & d’abjection ne s’arrête pas au peuple. C’eſt la condition des femmes de la ville, des femmes des gens riches, des femmes des grands, des femmes des ſouverains. L’opulence & le rang de leurs époux ne les font jouir d’aucune douceur, d’aucune prérogative.