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& que nous appelons pagne, tient lieu de tout vêtement aux deux ſexes. Des grains de verre, qu’on leur apporte & qu’on leur vend fort cher, forment la parure de la plupart des femmes & du petit nombre d’hommes, qui cherchent à ſe faire remarquer.

Les arts ſont peu de choſe dans ces régions. On n’y connoît que ceux qui ſe trouvent dans les ſociétés naiſſantes, & encore ſont-ils dans l’enfance. Le talent du charpentier ſe réduit à élever des cabanes. Le forgeron n’a qu’un très-petit marteau & des enclumes de bois, pour mettre en œuvre le peu de fer qui lui vient d’Europe. Sans le ſecours du tour, le potier fait quelques vaſes groſſiers d’argile & des pipes à fumer. Une herbe, qui vient ſans culture & qui n’a beſoin d’aucun apprêt, ſert ſeule à faire des pagnes. Sa longueur eſt la largeur de la ſorte. Le tiſſerand la travaille ſur ſes genoux, ſans métier, ſans navette, & en paſſant avec ſes doigts la trame entre chacun des fils de la chaîne, de la même manière que nos vanniers font leurs claies. Les lieux les plus éloignés reçoivent leur ſel des habitans des côtes qui, par le moyen d’un grand feu, le séparent