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qu’on le ſache. Il s’élève une multitude de cris confus. Le premier coup eſt ſuivi de mille autres ; & l’on s’entrégorge ſans s’entendre. Les intérêts particuliers & les haines perſonnelles font durer les troubles publics ; & l’on ne commence à s’expliquer que quand on eſt las de carnage. Sous la tyrannie, il n’y a guère que trois partis, celui de la cour, celui de l’oppoſition & les indifférens, citoyens froids, ſans doute, mais quelquefois très-utiles par leur impartialité & par le ridicule qu’ils jettent ſur les deux autres partis. Dans l’anarchie, le calme renaît, & il n’en coûte la vie à perſonne. Sous la tyrannie, le calme eſt ſuivi de la chute de pluſieurs têtes ou d’une ſeule.

Quoique les intérêts qui diviſoient les chefs des Eſpagnols ne fuſſent pas de cette importance, les effets n’en furent pas moins terribles. Après quelques négociations de mauvaiſe foi d’un côté au moins, & par conséquent inutiles, on eut recours au glaive pour ſavoir lequel des deux concurrens régiroit le Pérou entier. Le 6 avril 1538, dans les plaines des Salines, non loin de Cuſco, le ſort ſe décida contre Almagro qui fut pris & décapité.