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matière que le tems aura pourrie ou défigurée ? Si l’on ſe refuſoit à cette conjecture, il faudrait dire que tout s’opéroit avec des haches de cuivre qui ſervoient auſſi d’armes à la guerre. En ce cas, il falloit que le travail, le tems, la patience tinſſent lieu aux Péruviens des outils qui leur manquoient.

Ce fut peut-être encore avec les haches de cuivre ou de caillou & un frottement opiniâtre, qu’ils parvinrent à tailler les pierres, à les bien équarrir, à les rendre parallèles, à leur donner la même hauteur & à les joindre ſans ciment. Malheureuſement, ces inſtrumens n’avoient pas la même activité ſur le bois que ſur la pierre. Auſſi les mêmes hommes, qui travailloient le granit, qui foroient l’émeraude, ne ſurent-ils jamais aſſembler une charpente par des mortaiſes, des tenons & des chevilles ; elle ne tenoit aux murailles que par des liens de jonc. Les bâtimens les plus remarquables n’avoient qu’un couvert de chaume ſoutenu par des mâts, comme les tentes de nos armées. On ne leur donnoit qu’un étage. Ils ne prenoient de jour que par la porte, & n’avoient que des pièces détachées ſans communication.