Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

plantés au cordeau, & uniquement deſtinés à guider les voyageurs. Il n’y avoit que celui qui portoit le nom des incas, & qui traverſoit tout l’empire, qui eût de la grandeur. Ce monument, le plus beau du Pérou, fut entièrement détruit durant les guerres civiles des conquérans.

Il faut reléguer au rang des fables, ces ponts ſi vantés. Comment les Péruviens en auroient-ils pu conſtruire de bois, eux qui ne ſavoient pas le travailler ? Comment en auroient-ils pu élever de pierre, eux qui ignoroient la conſtruction des ceintres & des voûtes, & qui ne connoiſſoient pas la chaux ? Cependant le voyageur étoit continuellement arrêté au paſſage des torrens ſi multipliés dans ces contrées. Pour vaincre ce grand obſtacle, on imagina d’aſſembler ſept ou huit câbles d’oſier ou un plus grand nombre, de les lier enſemble par des cordages plus petits, de les couvrir par des branches d’arbre & par de la terre, & de les attacher fortement aux deux rives opposées. Par-ce moyen, les communications ſe trouvèrent facilement & sûrement établies. Les rivières, plus larges & moins rapides, étoient traversées ſur de petits