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après celui de Cuſco, ne lui trouva que peu d’étendue & ſeulement dix pieds d’élévation. Un peuple qui n’avoit que la reſſource de ſes bras pour porter ou traîner les plus groſſes maſſes, un peuple qui ignoroit l’uſage des leviers & des poulies, pouvoit-il exécuter de plus grandes choſes ?

Il faut reléguer au rang des fables, ces aqueducs, ces réſervoirs comparables à ce que l’antiquité nous a laiſſé en ce genre de plus magnifique. La néceſſité avoit enſeigné aux Péruviens à pratiquer des rigoles au détour des montagnes, ſur le penchant des collines, à creuſer des canaux & des foſſés dans les vallées, pour féconder leurs champs que les pluies ne fertiliſoient pas, pour ſe ménager de l’eau à eux-mêmes qui n’avoient jamais imaginé de creuſer des puits : mais ces ouvrages de terre ou de pierre sèche, n’avoient rien de remarquable, rien qui fit ſoupçonner la plus légère connoiſſance de l’hydraulique.

Il faut reléguer au rang des fables, ces ſuperbes voies qui rendoient les communications ſi faciles. Les grands chemins du Pérou n’étoient autre choſe que deux rangs de pieux