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ſidérations que la peur eſt fille de l’ignorance & de l’étonnement ; que la multitude ſans ordre ne peut rien contre le petit nombre diſcipliné, & que le courage ſans armes ne réſiſte point à la foudre. Ainſi le Pérou devoit être ſubjugué, quand même les diſſenſions domeſtiques qui le bouleverſoient n’auroient pas préparé les fers.

VI. Origine, religion, gouvernement, mœurs & arts du Pérou, à l’arrivée des Eſpagnols.

Cet empire qui, ſelon les hiſtoriens Eſpagnols, fleuriſſoit depuis quatre ſiècles, avoit été fondé par Manco-Capac & par ſa femme Mama Ocello, qui furent appelles incas ou ſeigneurs du Pérou. On a ſoupçonné que ces perſonnages pouvoient être les deſcendans de quelques navigateurs d’Europe ou des Canaries jetés par la tempête ſur les côtes du Bréſil.

Pour donner une baſe à cette conjecture, l’on a dit que les Péruviens diviſoient, comme nous, l’année en trois cens ſoixante jours & qu’ils avoient quelques notions aſtronomiques, telles que les points de l’horizon où le ſoleil ſe couche dans les ſolſtices & les équinoxes, bornes que les Eſpagnols détruiſirent comme des monumens de la ſuperſtition Indienne. L’on a dit que la race des incas étoit