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munes, de recevoir en retour des denrées peu précieuſes. Avec le tems, la navigation de la métropole avec ſes colonies du continent qui n’occupe maintenant que trente à trente-deux navires chaque année, prendra des accroiſſemens dont les ſpéculateurs les plus hardis n’oſeroient fixer le terme.

On a prétendu, avec plus de fondement, qu’auſſi-tôt que l’Amérique ſeroit ouverte à tous les ports de la monarchie & qu’il n’exiſteroit plus aucun genre d’oppreſſion dans les douanes, le commerce, débarraſſé de ſes entraves, exciteroit une émulation ſans bornes. L’avidité, l’imprudence des négocians doivent préparer à ce déſordre. Peut-être ſera-ce un bien. Les colons, encouragés par le bon marché à des jouiſſances qu’ils n’avoient jamais été à portée de ſe procurer, ſe feront de nouveaux beſoins, & ſe livreront par conséquent à de nouveaux travaux. Quand même l’excès de la concurrence pourroit être un mal, il ne ſeroit jamais que momentané. Chercher à détourner cet orage par des loix deſtructives de tout bien, c’eſt vouloir prévenir une révolution heureuſe par une oppreſſion continuelle.