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jour réduite par un vainqueur humain, qui, dans un traité de paix, dictera pour première condition ; que les auto-da-fé ſeront abolis dans toutes les poſſeſſions Eſpagnoles de l’ancien & du Nouveau-Monde.

Ce moyen, tout néceſſaire qu’il eſt au rétabliſſement de la monarchie, n’eſt pas ſuffiſant. Quoique l’Eſpagne ait mis à cacher ſa foibleſſe plus d’art peut-être qu’il n’en auroit fallu pour acquérir des forces, on connoit les plaies. Elles ſont ſi profondes & ſi invétérées, qu’il lui faut des ſecours étrangers pour les guérir. Qu’elle ne les refuſe pas, & elle verra ſes provinces de l’un & l’autre hémiſphère, remplies de nouveaux habitans, qui leur donneront mille branches d’induſtrie. Les peuples du Nord & ceux du Midi, poſſédés de l’ambition des richeſſes qui caractériſe notre ſiècle, iront en foule dans des contrées ouvertes à leur émulation. La fortune publique ſuivra les fortunes particulières. Celles des étrangers deviendront elles-mêmes une richeſſe nationale, ſi ceux qui les auront élevées en peuvent jouir avec aſſez de sûreté, d’agrément & de diſtinction, pour perdre le ſouvenir de leur pays natal.