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Le commerce ne fut que l’art de tromper. L’or & l’argent, qui devoient entrer dans les coffres du ſouverain, furent continuellement diminués par la fraude, & réduits au quart de ce qu’ils devoient être. Tous les ordres corrompus par l’avarice, ſe donnoient la main pour empêcher la vérité d’arriver au pied du trône, ou pour ſauver les prévaricateurs que la loi avoit proſcrits. Les premiers & les derniers magiſtrats agirent toujours de concert pour appuyer leurs injuſtices réciproques.

Le cahos où ces brigandages plongèrent les affaires, amena le funeſte expédient de tous les états mal adminiſtrés ; des impoſitions ſans nombre. On paroiſſoit s’être proposé la double fin d’arrêter toute induſtrie, & de multiplier les vexations.

L’ignorance marchoit de front avec l’injuſtice. L’Europe étoit alors peu éclairée. La lumière même qui commençoit à s’y répandre, étoit repouſſée par l’Eſpagne. Cependant un voile plus épais encore couvroit l’Amérique. Les notions les plus ſimples ſur les objets les plus importans, y étoient entièrement effacées.

Comme