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partagèrent entre eux les terres déſertes & les hommes qui avoient échappé à leur épée. La plupart de ces misérables victimes ne ſurvécurent pas long-tems au carnage, dans un état d’eſclavage pire que la mort. Les loix faites de tems en tems pour modérer la dureté de cette ſervitude, ne produiſirent que peu de ſoulagement. La férocité, l’orgueil, l’avidité ſe jouoient également des ordres d’un monarque trop éloigné, & des larmes des malheureux Indiens.

Les mines furent encore une plus grande cauſe de deſtruction. Depuis la découverte du Nouveau-Monde, ce genre de richeſſe abſorboit tous les ſentimens des Eſpagnols. Inutilement quelques hommes plus éclairés que leur ſiècle, leur crioient : laiſſez l’or, ſi la ſurface de la terre qui le couvre peut produire un épi dont vous faſſiez du pain, un brin d’herbe que vos brebis puiſſent paître. Le ſeul métal dont vous ayez vraiment beſoin, c’eſt le fer. Conſtruiſez-en vos ſcies, vos marteaux, les ſocs de vos charrues ; mais ne les tranſformez pas en outils meurtriers. La quantité d’or néceſſaire aux échanges des nations eſt ſi petite ; pourquoi donc la mul-