Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/411

Cette page n’a pas encore été corrigée

la Navarre, prétendoient ne devoir à la monarchie qu’un don gratuit que leurs députés régloient toujours, mais rarement au gré d’une cour avide & épuisée par ſes folles largeſſes.

XXXII. Calamités que l’aveuglement de la cour d’Eſpagne accumula ſur les colonies.

Pendant que la métropole dépériſſoit, il n’étoit pas poſſible que les colonies proſpérâſſent. Si les Eſpagnols euſſent connu leurs vrais intérêts, peut-être à la découverte de l’Amérique ſe fuſſent-ils contentés de former avec les Indiens des nœuds honnêtes, qui auroient établi entre les deux nations une dépendance & un profit réciproques. Les productions des ateliers de l’ancien-monde, euſſent été échangées contre celles des mines du nouveau ; & le fer ouvragé eût été payé, à poids égal, par de l’argent brut. Une union fiable, ſuite néceſſaire d’un commerce paiſible, ſe ſeroit formée ſans répandre du ſang, ſans dévaſter des empires. L’Eſpagne n’en ſeroit pas moins devenue maîtreſſe du Mexique & du Pérou ; parce que tout peuple qui cultive les arts, ſans en communiquer les procédés & la pratique, aura une ſupériorité réelle ſur ceux auxquels il en vend les productions.