Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/395

Cette page n’a pas encore été corrigée

célèbres l’aient avancé avec confiance. Dans leur opinion, l’Eſpagne ſe voyant la maîtreſſe de l’Amérique, renonça d’elle-même aux manufactures, à l’agriculture. Cette idée extravagante n’entra jamais dans le ſyſtême d’aucun peuple. À l’époque où l’autre hémiſphère fut découvert, Séville étoit célèbre par ſes fabriques de ſoie ; les draps de Ségovie paſſoient pour les plus beaux de l’Europe, & les étoffes de Catalogne trouvoient un débit avantageux dans l’Italie & dans le Levant. De nouveaux débouchés donnèrent une activité nouvelle à cette induſtrie & à l’exploitation des terres qui en eſt inſéparable. S’il en eût été autrement, comment cette monarchie auroit-elle pu envahir tant de provinces ; ſoutenir tant de guerres longues & ſanglantes ; ſoudoyer tant d’armées étrangères & nationales ; équiper des flottes ſi nombreuſes & ſi redoutables ; entretenir la diviſion dans les états voiſins & y acheter des traîtres ; bouleverſer les nations par ſes intrigues ; donner le branle à tous les événemens politiques ? Comment auroit-elle pu être la première & preſque la ſeule puiſſance de l’univers ?

Mais tous ces efforts occaſionnèrent une