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Se préparer au combat ſans laiſſer apercevoir le moindre appareil de guerre, fut la ſeule diſpoſition que fît Pizarre pour recevoir le prince. Il mit ſa cavalerie dans les jardins du palais, où elle ne pouvoit être aperçue ; l’infanterie étoit dans la cour, & ſon artillerie fut tournée vers la porte par où l’empereur devoit entrer.

Atabaliba vint avec confiance au rendez-vous. Douze à quinze mille hommes l’accompagnoient. Il étoit porté ſur un trône d’or, & ce métal brilloit dans les armes de ſes troupes. Il ſe tourna vers les principaux officiers, & il leur dit : Ces étrangers ſont les envoyés des dieux ; gardez-vous de les offenſer.

On étoit aſſez près du palais, occupé par Pizarre, lorſqu’un dominicain, nommé Vincent Valverde, le crucifix d’une main, ſon bréviaire dans l’autre, pénètre juſqu’à l’empereur. Il arrête la marche de ce prince, & lui fait un long diſcours, dans lequel il lui expoſe la religion chrétienne, le preſſe d’embraſſer ce culte, & lui propoſe de ſe ſoumettre au roi d’Eſpagne, à qui le pape avoit donné le Pérou.

L’empereur, qui l’avoit écouté avec beau-