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la troupe entra victorieuſe à Tumbez, où des maladies de tous les genres l’arrêtèrent trois mois entiers. L’arrivée de deux renforts qui lui venoient de Nicaragua la conſolèrent un peu du chagrin que lui cauſoit ce séjour forcé. Ils n’étoient, à la vérité, que de trente hommes chacun : mais ils étoient conduits par Sébaſtien Benalcazar & par Fernand Soto qui tous deux jouiſſoient d’une réputation brillante. Les Eſpagnols ne furent pas inquiétés dans leur première conquête, & il faut en dire la raiſon.

V. Comment Pizarre, chef de l’expédition, ſe rend maître de l’empire.

L’empire du Pérou qui, comme la plupart des autres dominations, n’avoit dans l’origine que peu d’étendue, s’étoit ſucceſſivement agrandi. Il avoit en particulier reçu un accroiſſement conſidérable du onzième empereur Huyana-Capac, qui s’étoit emparé par la force du vaſte pays de Quito, & qui pour légitimer, autant qu’il étoit poſſible, ſon uſurpation, avoit épousé l’unique héritière du roi détrôné. De cette union, que les loix & les préjugés réprouvoient également, étoit ſorti Atabaliba qui, après la mort de ſon père, prétendit à l’héritage de ſa mère. Cette ſucceſſion lui fut conteſtée par ſon frère ainé