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mandeurs. Elle défend à ces maîtres, juſqu’alors ſi oppreſſeurs, de réſider dans l’étendue de leur juriſdiction & d’y coucher plus d’une nuit. Elle leur défend d’y avoir une habitation & d’y laiſſer leur famille. Elle leur défend d’y poſſéder des terres, d’y faire élever des troupeaux, d’y former des ateliers. Elle leur défend de ſe mêler des mariages de leurs vaſſaux & d’en prendre aucun à leur ſervice. L’homme chargé de percevoir leurs droits doit avoir l’attache du magiſtrat & donner caution pour les vexations qu’il ſe pourroit permettre.

La taxe imposée aux naturels du pays pour faire ſubſiſter les conquérans avec quelque dignité, n’eſt pas même une faveur purement gratuite. Ces maîtres orgueilleux ſont obligés de réunir leurs ſujets dans une bourgade, de leur bâtir une égliſe, de payer le miniſtre chargé de leur inſtruction. Ils ſont obligés d’établir leur domicile dans la ville principale de la province où eſt ſituée leur répartition, & d’avoir toujours des chevaux & des armes en état de repouſſer l’ennemi, ſoit étranger, ſoit domeſtique. Il ne leur eſt permis de s’abſenter qu’après s’être fait remplacer par un ſoldat agréé du gouvernement.