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l’iſle de la Gorgonne, le lieu le plus mal-ſain, le plus ſtérile & le plus affreux qui fût peut-être ſur le globe. Mais enfin le ſort s’adoucit. Avec un très-petit navire que la pitié ſeule avoit déterminé à leur envoyer pour les tirer de ce séjour de déſolation, ils continuèrent leur navigation & abordèrent à Tumbez, bourgade aſſez conſidérable de l’empire qu’ils ſe propoſoient d’envahir un jour. De cette rade où tout portoit l’empreinte de la civiliſation, Pizarre reprit la route de Panama où il arriva dans les derniers jours de 1527 avec de la poudre d’or, avec des vaſes de ce précieux métal, avec des vigognes, avec trois Péruviens deſtinés à ſervir plutôt ou plus tard d’interprètes.

Loin d’être découragés par les revers qu’on avoit éprouvés, les trois aſſociés furent enflammés d’une paſſion plus forte d’acquérir des tréſors qui leur étoient mieux connus. Mais il falloit des ſoldats, il falloit des ſubſiſtances ; & on leur refuſoit l’un & l’autre ſecours dans la colonie. Le miniſtère, dont Pizarre lui-même étoit venu réclamer l’appui en Europe, ſe montra plus facile. Il autoriſa ſans réſerve, la levée des hommes, l’achat