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corporent à ces régions éloignées. La loi défend à tout citoyen d’y aller ſans l’aveu du gouvernement : mais les gens connus en obtiennent aſſez aisément la permiſſion, & ceux qui ſont obſcurs y paſſent très-fréquemment en fraude. On eſt vivement pouſſé à cette émigration par l’eſpoir d’une fortune conſidérable & quelquefois auſſi par la certitude de trouver une conſidération dont on n’auroit pas joui dans le lieu de ſon origine. Il ſuffit d’être né en Eſpagne pour obtenir des égards marqués : mais cet avantage ne ſe tranſmet pas. Les enfans qui ont reçu le jour dans cet autre monde ne portent plus le nom de chapetons qui honoroit leurs pères : ils deviennent ſimplement créoles.

XX. Les créoles.

C’eſt ainſi qu’on appelle ceux qui ſont iſſus du ſang Eſpagnol dans le nouvel hémiſphère. Pluſieurs deſcendent des premiers conquérans ou de ceux qui les ſuivirent, d’autres ont eu d’illuſtres ancêtres. La plupart ont acheté ou obtenu des titres diſtingués : mais peu d’entre eux ont manié les grands reſſorts du gouvernement. Soit que la cour les crût incapables d’application, ſoit qu’elle craignit qu’ils ne préférâſſent les intérêts de