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diminuer l’horreur d’un ſi grand forfait, c’eſt que la félicité des Indiens n’en fut pas altérée. Jamais ils ne parurent rien déſirer au-delà des commodités dont on les faiſoit jouir généralement.

Ceux qui n’accusèrent pas les Jéſuites d’avarice, cenſurèrent les établiſſemens du Paraguay comme l’ouvrage d’une ſuperſtition aveugle. Si nous avons une idée juſte de la ſuperſtition, elle retarde les progrès de la population ; elle conſacre à des pratiques inutiles le tems deſtiné aux travaux de la ſociété ; elle dépouille l’homme laborieux, pour enrichir le ſolitaire oiſif & dangereux ; elle arme les citoyens les uns contre les autres pour des ſujets frivoles ; elle donne au nom du ciel le ſignal de la révolte ; elle ſouſtrait ſes miniſtres aux loix, aux devoirs de la ſociété : en un mot, elle rend les peuples malheureux, & donne des armes au méchant contre le juſte. Vit-on chez les Guaranis aucune de ces calamités ? S’ils durent leurs heureuſes inſtitutions à la ſuperſtition, ce ſera la première fois qu’elle aura fait du bien aux hommes.

La politique, toujours inquiète, toujours