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Étoit-il vraiſemblable qu’une compagnie, dont la gloire fut toujours l’idole, ſacrifiât à un intérêt obſcur & bas, un ſentiment de grandeur proportionné à la majeſté de l’édifice qu’elle élevoit avec tant de ſoins & de travaux ?

Ceux qui connoiſſoient aſſez le génie de la ſociété, pour ne la pas calomnier ſi groſſiérement, répandoient que les Guaranis ne ſe multiplioient pas, parce qu’on les faiſoit périr dans les travaux des mines. Cette accuſation, intentée il y a plus d’un ſiècle, ſe perpétua par une ſuite de l’avarice, de l’envie, de la malignité qui l’avoient formée. Plus le miniſtère Eſpagnol fit chercher cette ſource de richeſſes, plus il ſe convainquit que c’étoit une chimère. Si les Jéſuites avoient découvert de pareils tréſors, ils ſe ſeroient bien gardés de faire ouvrir cette porte à tous les vices qui auroient bientôt déſolé leur empire & ruiné leur puiſſance.

L’oppreſſion d’un gouvernement monacal dut, ſelon d’autres, arrêter la population des Guaranis. Mais l’oppreſſion n’eſt que dans les travaux & dans les tributs forcés ; dans les levées arbitraires, ſoit d’hommes, ſoit