Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée

chacun s’accuſoit & ſe puniſſoit volontairement : toutes leurs loix étoient des préceptes de religion. Le meilleur de tous les gouvernemens, s’il étoit poſſible qu’il ſe maintînt dans ſa pureté, ſeroit la théocratie : mais il faudroit que la religion n’inſpirât que les devoirs de la ſociété ; n’appellât crime, que ce qui bleſſe les droits naturels de l’humanité ; ne ſubſtituât pas, dans ces préceptes, des prières aux travaux, de vaines cérémonies de culte à des œuvres de charité, des ſcrupules à des remords fondés. Il n’en étoit pas tout-à-fait ainſi au Paraguay. Les miſſionnaires Eſpagnols y avoient beaucoup trop porté leurs idées, leurs uſages monaſtiques. Cependant, peut-être ne fit-on jamais autant de bien aux hommes, avec ſi peu de mal.

Il y eut plus d’arts & de commodités dans les républiques des Jéſuites qu’il n’y en avoit dans Cuſco même, & il n’y eut pas plus de luxe. L’uſage de la monnoie y étoit même ignoré. L’horloger, le tiſſerand, le ſerrurier, le tailleur dépoſoient leurs ouvrages dans des magaſins publics. On leur donnoit tout ce qui leur étoit néceſſaire : le laboureur avoit travaillé pour eux. Les religieux inſtituteurs