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tude ſe tourna vers les ſauvages que leur vie errante avoit juſqu’alors ſouſtraits au glaive, à la tyrannie. Le plan étoit de les tirer de leurs forêts & de les raſſembler en corps de nation, mais loin des lieux habités par les oppreſſeurs du nouvel hémiſphère. Un ſuccès, plus ou moins grand, couronna ces vues dans la Californie, chez les Moxos, parmi les Chiquiſes, ſur l’Amazone & dans quelques autres contrées. Cependant, aucune de ces inſtitutions ne jeta un auſſi grand éclat que celle qui fut formée dans le Paraguay ; parce qu’on lui donna pour baſe les maximes que ſuivoient les incas dans le gouvernement de leur empire & dans leurs conquêtes.

Les deſcendans de Manco-Capac ſe rendoient ſur leurs frontières avec des armées qui ſavoient du moins obéir, combattre enſemble, ſe retrancher ; & qui, avec des armes offenſives, meilleures que celles des ſauvages, avoient des boucliers & des armes défenſives que leurs ennemis n’avoient pas. Ils propoſoient à la nation qu’ils vouloient ajouter à leur domaine d’adopter leur religion, leurs loix & leurs mœurs. Ces invitations étoient ordinairement rejetées. De