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leur conſommation, en ramaſſèrent avec le tems pour en vendre. Cette occupation & la longueur du voyage les tenoient éloignés de leurs peuplades une grande partie de l’année. Pendant ce tems, ils manquoient tous d’inſtruction. Pluſieurs périſſoient par le changement de climat ou par la fatigue. Il y en avoit même, qui, rebutés par ce travail, s’enfuyoient dans des déſerts, où ils reprenoient leur premier genre de vie. D’ailleurs, les miſſions, privées de leurs défenſeurs, reſtoient exposées aux irruptions de l’ennemi. C’étoit beaucoup trop de maux. Pour y remédier, les Jéſuites tirèrent du Maracayu même des graines qu’ils ſemèrent dans la partie de leur territoire, qui approchoit le plus de celui dont elles tiroient leur origine. Elles ſe développèrent très-rapidement, & ne dégénérèrent pas, au moins, d’une manière ſenſible.

Le produit de ces plantations, joint à celui que le haſard donne ſeul ailleurs, eſt fort conſidérable. Une partie reſte dans les trois provinces. Le Chili & le Pérou en conſomment annuellement vingt-cinq mille quintaux, qui leur coûtent près de deux millions de livres.