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La place eſt à ſoixante lieues de la mer. Les vaiſſeaux y arrivent par un fleuve qui manque de profondeur ; qui eſt ſemé d’iſles, d’écueils, de rochers, & où les tempêtes ſont beaucoup plus communes, beaucoup plus terribles que ſur l’océan. Ils ſont obligés de mouiller tous les ſoirs à l’endroit où ils ſe trouvent ; & dans les jours les plus calmes, des pilotes les précèdent, la ſonde à la main, pour leur indiquer la route qu’ils doivent ſuivre. Après avoir ſurmonté ces difficultés, il faut qu’ils s’arrêtent à trois lieues de la ville, qu’ils y débarquent leurs marchandiſes dans des bâtimens légers, qu’ils aillent ſe radouber & attendre leur cargaiſon à l’Incenada de Barragan, ſitué ſept ou huit lieues plus bas.

C’eſt une eſpèce de village, formé par quelques cabanes, conſtruites avec du jonc, couvertes de cuirs & diſpersées ſans ordre. On n’y trouve ni magaſins, ni ſubſiſtances ; & il n’eſt habité que par un petit nombre d’hommes indolens, dont on ne peut ſe promettre preſque aucun ſervice. L’embouchure d’une rivière, large de cinq à ſix mille toiſes, lui ſert de port. Il n’y a que les navires qui