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lieu où ils ne pouvoient plus reſter, & allèrent fonder en 1536 l’Aſſomption, à trois cens lieues de la mer, toujours ſur les bords du fleuve. C’étoit s’éloigner viſiblement des ſecours de la métropole : mais, dans leurs idées, c’étoit s’approcher des richeſſes ; & leur avidité étoit encore plus grande que leur prévoyance.

Cependant, il falloit ſe réſoudre à périr, ou réuſſir à diminuer l’extrême averſion des ſauvages. Le mariage des Eſpagnols avec les Indiennes, parut propre à opérer ce grand changement, & l’on s’y détermina. De l’union des deux peuples, ſi étrangers l’un à l’autre, ſortit la race des meſſe, qui, avec le tems, devint ſi commune dans l’Amérique méridionale. Ainſi le ſort des Eſpagnols, dans tous les pays du monde, eſt d’être un ſang mêlé. Celui des Maures coule encore dans leurs veines en Europe, & celui des ſauvages dans l’autre hémiſphère. Peut-être même ne perdent-ils pas à ce mélange, s’il eſt vrai que les hommes gagnent, comme les animaux, à croiſer leurs races. Et plût au ciel qu’elles ſe fuſſent déjà toutes fondues en une ſeule, qui ne conſervât aucun de ces germes d’an-