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des Patagons de celle de Feu, qu’on préſume n’avoir formé autrefois qu’un même continent. La conformité de leurs ſtériles côtes, de leur âpre climat, de leurs monſtrueux rochers, de leurs montagnes inacceſſibles, de leurs neiges éternelles, de leurs ſauvages habitans : tout doit faire penſer que ce grand canal de navigation eſt l’ouvrage de quelqu’une de ces révolutions phyſiques, qui changent ſi ſouvent la face du globe.

Quoique ce fût long-tems le ſeul paſſage connu pour arriver à la mer du Sud, les dangers qu’on y trouvoit le firent preſque oublier. La hardieſſe du célèbre Drake, qui porta, par cette voie, le ravage ſur les côtes du Pérou, inſpira aux Eſpagnols la réſolution d’y former un grand établiſſement, deſtiné à préſerver de toute invaſion cette riche partie du Nouveau-Monde.

Pedro Sarmiento, chargé de cette entrepriſe importante, partit d’Europe, en 1581, avec vingt-trois navires & trois mille cinq cens hommes. L’expédition fut contrariée par des calamités ſi multipliées, que l’amiral n’arriva l’année ſuivante au détroit qu’avec