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arroge ? & qu’en les acceptant, tu abandonnes ton pays, ton ſceptre & la religion à la merci d’un ambitieux ſophiſte, du machiaveliſte le plus dangereux

Mais il étoit plus aisé d’accorder ces abſurdes & atroces privilèges que d’en faire jouir les ſuperſtitieux, les barbares aventuriers qui les avoient ſollicités. Les Indiens ſe refusèrent à toute liaiſon avec des étrangers avides qui menaçoient également leur vie & leur liberté. Les armes ne furent pas plus favorables aux Eſpagnols que leurs perfides careſſes. Les peuples du continent, accoutumés à ſe faire mutuellement la guerre, les reçurent avec une audace inconnue dans les iſles qu’on avoit ſi facilement conquiſes. Des flèches empoiſonnées pleuvoient ſur eux de toutes parts ; & aucun de ceux qui en étoient percés n’échappoit à une mort plus ou moins affreuſe. Aux traits lancés par l’ennemi ſe joignirent bientôt d’autres cauſes de deſtruction ; des naufrages inévitables dans des parages inconnus ; un défaut de ſubſiſtances preſque continuel ſur des contrées entièrement incultes ; les maladies particulières à ce climat le plus mal-ſain de l’Amérique. Le peu