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de plus pour les hommes, & les fleurs donnent un nouvel attrait aux femmes. Elles en garniſſent leurs manches & quelquefois leurs cheveux, comme des bergères.

Le goût de la muſique, répandu dans tout le Pérou, ſe change en paſſion dans la capitale. Ses murs ne retentiſſent que de chanſons, que de concerts de voix & d’inſtrumens. Les bals ſont fréquens. On y danſe avec une légèreté ſurprenante : mais on néglige trop les grâces des bras, pour s’attacher à l’agilité des pieds, ſur-tout aux inflexions du corps, images des vrais mouvemens de la volupté.

Tels ſont les plaiſirs que les femmes, toutes vêtues d’une manière plus élégante que modeſte, goûtent & répandent dans Lima. Mais c’eſt particulièrement dans les délicieux ſalons où elles reçoivent compagnie qu’on les trouve séduiſantes. La, nonchalamment couchées ſur une eſtrade qui a un demi-pied d’élévation & cinq ou ſix de large, & ſur des tapis & des carreaux ſuperbes, elles coulent des jours tranquilles dans un délicieux repos. Les hommes qui ſont admis à leur converſation s’aſſeyent à quelque diſtance, à moins