Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/205

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui couvroient une chemiſe de coton. On les retrouſſoit pour avoir les bras libres. Les grands les attachoient avec des agraphes d’or & d’argent : leurs femmes avec des épingles des mêmes métaux couronnées d’émeraudes, & le peuple avec des épines. Dans les pays chauds, les mantes des hommes en place étoient de toile de coton aſſez fine & teinte de pluſieurs couleurs. Les gens du commun, ſous le même climat, n’avoient pour tout vêtement qu’une ceinture tiſſue de filamens d’écorce d’arbre, qui couvroit, dans les deux ſexes, ce que la pudeur défend de montrer.

La fierté & les habitudes des conquérans, qui leur rendaient généralement incommodes ou mépriſables tous les uſages établis dans les contrées qui ſervoient de théâtre à leur avarice ou à leur fureur, ne leur permirent pas d’adopter l’habillement des Péruviens. Ils demandèrent à l’Europe tout ce qu’elle poſſédoit de plus fini, de plus magnifique en toiles & en étoffes. Avec le tems, les tréſors qu’on avoit d’abord pillés s’épuisèrent ; & il ne fut plus poſſible d’en obtenir de nouveaux qu’en faiſant de grandes avances & en ſe livrant à des travaux d’une utilité douteuſe. Alors,