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breux en occupent une grande partie. Ce qu’ils ne couvrent pas eſt inondé durant plus de ſix mois chaque année par des pluies qui tombent en torrens. Du ſein de ces eaux croupiſſantes & mal-ſaines s’élèvent des forêts auſſi anciennes que le monde, & tellement embarraſſées de lianes, que l’homme le plus fort ou le plus intrépide ne ſauroit y pénétrer. Des brouillards épais & fréquens jettent un voile obſcur ſur ces hideuſes campagnes. Aucune des productions de l’ancien hémiſphère ne ſauroit croître dans ce ſol ingrat, & celles même du nouveau n’y proſpèrent guère. Auſſi n’y voit-on qu’un très-petit nombre de ſauvages la plupart errans, & ſi peu d’Eſpagnols, qu’on pourroit preſque dire qu’il n’y en a point. La côte eſt heureuſement terminée par le golfe de Guayaquil, où la nature eſt moins dégradée.

Ce fleuve vit s’élever, en 1533, la ſeconde ville que les Eſpagnols bâtirent dans le Pérou. Les Indiens ne laiſſèrent pas ſubſiſter longtems ce monument érigé contre leur liberté : mais il fut rétabli quatre ans après par Orellana. Ce ne fut plus dans la baie de Charopte, qui avoit été d’abord choiſie, qu’on le plaça.