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les provinces plus ou moins éloignées de ce centre, ſe ſoumirent en partie. Nous diſons en partie, parce que l’organiſation du pays eſt telle qu’il ne fut jamais poſſible d’en ſubjuguer tous les habitans, & que ceux d’entre eux qui avoient reçu des fers les briſoient auſſi-tôt qu’ils avoient le courage de le bien vouloir. Il n’eſt pas même ſans quelque vraiſemblance que la plupart auroient pris cette détermination, ſi on les eût aſſujettis à ces travaux deſtructeurs qui ont causé tant de ravages dans les autres parties du Nouveau-Monde.

XX. Ce qu’a été le nouveau royaume de Grenade, ce qu’il eſt, & ce qu’il peut devenir.

Quelques écrivains ont parlé avec un enthouſiaſme preſque ſans exemple des richeſſes qui ſortirent d’abord du nouveau royaume. Ils les font monter au point d’étonner les imaginations le plus avides du merveilleux. Jamais peut-être on ne pouſſa ſi loin l’exagération. Si la réalité eût ſeulement approché des fables, cette grande proſpérité ſeroit conſignée dans des regiſtres publics, ainſi que celles de toutes les colonies véritablement intéreſſantes. D’autres monumens en auroient perpétué le ſouvenir. Dans aucun tems, ces tréſors n’exiſtèrent donc que ſous la plume