Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/133

Cette page n’a pas encore été corrigée

obſcures ou sérieuſes, elles ſe livrent ſans réſerve & avec ſuccès à des fonctions dont elles ſe trouvent honorées. La retraite qu’exige ce genre de vie, leur rend chère & familière la pratique de toutes les vertus domeſtiques. L’autorité, le reſpect & l’attachement de tout ce qui les entoure, ſont la récompenſe d’une conduite ſi eſtimable. Vient enfin le tems où l’on eſt dégoûté du travail par l’accroiſſement des fortunes. Le ſoin principal eſt de prévenir l’ennui, de multiplier les amuſemens, d’étendre les jouiſſances. À cette époque, les femmes ſont recherchées avec empreſſement, & pour les qualités aimables qu’elles tiennent de la nature & pour celles qu’elles ont reçues de l’éducation. Leurs liaiſons s’étendent. La vie retirée ne leur convient plus. Il leur faut un rôle plus éclatant. Jetées ſur le théâtre du monde, elles deviennent l’âme de tous les plaiſirs, & le mobile des affaires les plus importantes. Le bonheur ſouverain eſt de leur plaire, & la grande ambition d’en obtenir quelques préférences. Alors renaît entre les deux ſexes la liberté de l’état de nature, avec cette différence remarquable que dans