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groſſis que par la fonte des neiges des Cordelières ou par les pluies. C’eſt peut-être auſſi la ſaiſon des pluies qui décide de l’accroiſſement des eaux de l’Orenoque. Mais pour bien ſaiſir les cauſes d’un phénomène ſi ſingulier, il faudroit étudier les rapports que peut avoir le cours de ce fleuve avec celui des Amazones par Rionegro, connoître la ſituation & les mouvemens de l’un & de l’autre. Peut-être trouveroit-on, dans la différence de leur poſition, de leur ſource & de leur embouchure, l’origine d’une diverſité ſi remarquable dans l’état périodique de leurs eaux. Tout eſt lié dans le ſyſtême du monde. Le cours des fleuves tient aux révolutions, ſoit journalières, ſoit annuelles de la terre. Quand des hommes éclairés ſe ſeront portés ſur les bords de l’Orenoque, on ſaura, du-moins on cherchera les raiſons des phénomènes de ſon cours. Mais ce ne ſera pas ſans difficulté. Ce fleuve n’eſt pas auſſi navigable que le fait préſumer la maſſe de ſes eaux. Son lit eſt embarraſſé d’un grand nombre de rochers qui réduiſent, par intervalle, le navigateur à porter ſes bateaux & les denrées dont ils ſont chargés.