Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/83

Cette page n’a pas encore été corrigée

roturier, d’habitans de la ville & de la campagne, unirent leurs reſſentimens & leurs intérêts. Cette confédération univerſelle adoucit un peu le ſort de la nation ſous les deux premiers Henri : mais ce ne fut que durant le règne de Jean-ſans-Terre, qu’elle recouvra véritablement ſa liberté. À ce monarque inquiet, cruel, mal-habile & diſſipateur, fut heureuſement arrachée, les armes à la main, cette fameuſe charte qui aboliſſoit les loix féodales les plus onéreuſes, & aſſuroit aux vaſſaux, vis-à-vis de leurs ſeigneurs, les mêmes droits qu’aux ſeigneurs vis-à-vis des rois ; qui mettoit toutes les perſonnes, toutes les propriétés ſous la protection des pairs & des jurés ; qui même en faveur des ſerfs, diminuoit l’oppreſſion de la ſervitude.

Cet arrangement ſuſpendit pour un peu de tems les jalouſies des barons & des princes, ſans en étouffer entièrement le germe. Les guerres recommencèrent, & le peuple profita de l’opinion qu’il avoit donnée de ſes forces & de ſon courage durant ces troubles, pour ſe faire admettre dans le parlement ſous Edouard I. Ses députés n’eurent d’abord,