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de l’abbé de Saint-Pierre ne ſe réaliſeroit-il pas ? Pourquoi les plaintes des ſujets contre leurs ſouverains n’y ſeroient-elles pas portées, ainſi que les plaintes d’un ſouverain contre un autre ? C’eſt alors que la ſageſſe régneroit ſur la terre.

En attendant cette paix perpétuelle, ſi déſirée & ſi éloignée, la guerre, qui faiſoit le droit, a été ſoumiſe à des conditions qui tempèrent le carnage. Les cris de l’humanité ont percé juſque dans l’effuſion du ſang. C’eſt à l’Allemagne que l’Europe doit les progrès de la légiſlation dans tous les états ; des règles & des procédés dans la vengeance des nations ; une certaine équité dans l’abus de la force ; la modération au ſein de la victoire ; un frein à l’ambition de tous les potentats ; enfin, de nouveaux obſtacles à la guerre, & de nouvelles facilités à la paix.

Cette heureuſe conſtitution de l’empire Germanique s’eſt perfectionnée avec la raiſon depuis le règne de Maximilien. Cependant les Allemands eux-mêmes ſe plaignent, de ce que formant un corps de nation, ayant le même nom, parlant la même langue,