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les loix avec l’anarchie ; le luxe le plus outré avec la plus grande indigence ; un ſol fertile avec des campagnes en friche ; le goût pour tous les arts ſans aucun art. Voilà les contraſtes étonnans que vous offrira la Pologne.

Vous la trouverez exposée à tous les périls. Le plus foible de ſes ennemis peut impunément, & ſans précaution, entrer ſur ſon territoire, y lever des contributions, détruire ſes villes, ravager ſes campagnes, maſſacrer ſes habitans ou les enlever. Sans troupes, ſans fortereſſes, ſans artillerie, ſans munitions, ſans argent, ſans généraux, ſans connoiſſances des principes militaires : quelle réſiſtance pourroit-elle ſonger à faire ? Avec une population ſuffiſante, aſſez de génie & de reſſources pour jouer un rôle, la Pologne eſt devenue l’opprobre & le jouet des nations.

Si des voiſins inquiets & entreprenans n’avoient pas envahi juſqu’ici ſes poſſeſſions ; s’ils s’étoient contentés de la dévaſter, de lui dicter des ordres, de lui donner des rois : c’eſt qu’ils étoient dans une défiance continuelle les uns des autres. Des circonſtances