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perpétuelle entre les grands & le monarque, Les premiers tourmentent le chef de l’état par leur avidité, leur ambition & leurs défiances ; ils l’irritent contre la liberté ; ils le réduiſent à l’intrigue. De ſon côté, le prince diviſe pour commander, séduit pour ſe défendre, oppoſe la ruſe à la ruſe pour ſe maintenir. Les factions s’aigriſſent, la diſcorde met par-tout le trouble, & les provinces ſont livrées au fer, au feu, à la dévaſtation. Si la confédération triomphe, celui qui devoit conduire la nation eſt renversé du trône, ou réduit à la plus honteuſe dépendance. Si elle ſuccombe, le ſouverain ne règne que ſur des cadavres. Quoi qu’il arrive, le ſort de la multitude n’éprouve aucune révolution heureuſe. Ceux de ces malheureux qui ont échappé à la famine & au carnage, continuent à porter les fers qui les écrâſoient.

Parcourez ces vaſtes régions : qu’y verrez-vous ? La dignité royale avec le nom de république ; le faſte du trône avec l’impuiſſance de ſe faire obéir ; l’amour outré de l’indépendance avec toutes les baſſeſſes de la ſervitude ; la liberté avec la cupidité ;