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manque guère de profiter de l’occaſion, pour rentrer dans les droits. Mais comme il n’a ni vues, ni projets, il paſſe en un clin d’œil, de l’eſclavage à l’anarchie. Au milieu de ce tumulte général, on n’entend qu’un cri ; c’eſt liberté, Mais comment s’aſſurer de ce bien précieux ? On l’ignore ; & voilà la nation divisée en diverſes factions, mues par différents intérêts.

Entre ces factions, s’il en eſt une qui déſeſpère de prévaloir ſur les autres, elle ſe détache, elle oublie le bien général ; & plus jalouſe de nuire à ſes rivales que de ſervir la patrie, elle ſe range autour du ſouverain. À l’inſtant il n’y a plus que deux partis dans l’état, diſtingués par deux noms, qui, quels qu’ils ſoient, ne ſignifient jamais que royaliſtes & anti-royaliſtes. C’eſt le moment des grandes ſecouſſes ; c’eſt le moment des complots.

Quel eſt alors le rôle des puiſſances voiſines ? Tel qu’il a été dans tous les tems & dans toutes les contrées ; c’eſt de ſemer des ombrages entre les peuples & leur chef ; c’eſt de ſuggérer aux ſujets tous les moyens d’avilir, d’abaiſſer, d’anéantir la ſouveraineté ;