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vers l’un & vers l’autre pôle, pour y trouver quelques continens à envahir, quelques iſles à ravager, quelques peuples à dépouiller, à ſubjuguer, à maſſacrer. Celui qui éteindroit cette fureur ne mériteroit-il pas d’être compté parmi les bienfaiteurs du genre-humain ?

La vie sédentaire eſt la ſeule favorable à la population ; celui qui voyage ne laiſſe point de poſtérité. La milice de terre avoit créé une multitude de célibataires. La milice de mer l’a preſque doublée : avec cette différence que les derniers ſont exterminés par les maladies des vaiſſeaux, par les naufrages, par la fatigue, par les mauvaiſes nourritures, & par les changemens de climat. Un ſoldat peut rentrer dans quelques-unes des profeſſions utiles à la ſociété. Un matelot eſt matelot pour toujours. Hors de ſervice, il n’en revient à ſon pays que le beſoin d’un hôpital de plus.

Les expéditions de long cours ont enfanté une nouvelle eſpèce de ſauvages nomades. Je veux parler de ces hommes qui parcourent tant de contrées qu’ils finiſſent par n’appartenir à aucune ; qui prennent des femmes