Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/476

Cette page n’a pas encore été corrigée

tera. Sa foibleſſe ne lui laiſſe pas le courage de l’atrocité : mais l’habituelle hypocriſie de ſon rôle, ſi elle n’a pas tout-à-fait levé le maſque, jettera une teinte de fauſſeté ſur ſon caractère. Ce que l’homme oſe par la force, elle le tentera & l’obtiendra par la ruſe. La femme corrompue propage la corruption. Elle la propage par le mauvais exemple ; par des conſeils inſidieux ; quelquefois par le ridicule. Elle a débuté par la coquetterie qui s’adreſſoit à tous les hommes ; elle a continué par la galanterie ſi volage dans ſes goûts, qu’il eſt plus facile de trouver une femme qui n’ait point eu de paſſions, que d’en trouver une qui n’ait été paſſionnée qu’une fois ; & elle finit par compter autant d’amans que de connoiſſances, qu’elle rappelle, qu’elle éloigne, qu’elle rappelle encore, ſelon le beſoin qu’elle en a, & la nature des intrigues de toute eſpèce dans leſquelles elle ſe précipite. C’eſt-là ce qu’elle entend par avoir ſu jouir de ſes belles années & profiter de ſes charmes. C’eſt une d’entre elles, qui s’étoit rendue profonde dans cet art, qui diſoit en mourant, qu’elle ne regrettoit que les peines qu’elle s’étoit

données