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d’exiger de lui des ſecours qu’il n’implore pas. C’eſt tout le contraire pour celui qui vit dans l’état ſocial. Il n’eſt rien par lui-même. C’eſt ce qui l’entoure qui le ſoutient. Ses poſſeſſions, ſes jouiſſances, ſes forces, & juſqu’à ſon exiſtence, il doit tout au corps politique auquel il appartient.

Les maux de la ſociété deviennent les maux du citoyen. Il court riſque d’être écrasé, quelque partie de l’édifice qui s’écroule. L’injuſtice qu’il commet, le menace d’une injuſtice ſemblable. S’il ſe livre au crime, d’autres pourront devenir criminels à ſon préjudice. Il doit donc tendre conſtamment, au bien général, puiſque c’eſt de cette proſpérité que dépend la ſienne.

Qu’un ſeul s’occupe de ſes intérêts, ſans s’embarraſſer de l’intérêt public ; qu’il s’exempte du devoir commun ſous prétexte que les actions d’un particulier ne peuvent pas avoir une influence marquée ſur l’ordre général, d’autres auront des volontés auſſi perſonnelles. Alors tous les membres de la république ſeront à leur tour bourreaux & victimes. Chacun nuira & recevra des dommages ; chacun dépouillera & ſera dé-