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n’a manqué peut-être aux nations modernes, pour égaler les anciennes dans les travaux de l’eſprit humain, que des langues plus heureuſes. Les Romains qui, comme les Grecs, connoiſſoient l’influence du dialecte ſur les mœurs, avoient recherché à étendre le leur avec leurs armes ; & ils étoient parvenus à le faire adopter par-tout où ils avoient établi leur domination. À l’exception de quelques hommes obſcurs qui s’étoient réfugiés dans des montagnes inacceſſibles, l’Europe, preſque entière parloit latin. Mais l’invaſion des Barbares ne tarda pas à le dénaturer. Aux ſons tendres & harmonieux d’un idiome poli par le génie & par des organes délicats, ces peuples guerrière & chaſſeurs mêlèrent les accens rudes, les expreſſions groſſières qu’ils apportoient de leurs ſombres forêts, de leur âpre climat. Bientôt il y eut autant de jargons divers qu’il y avoit de gouvernemens. À la renaiſſance des lettres, ces jargons devoient prendre naturellement un ton plus élevé, une prononciation plus agréable. Cette amélioration ne ſe fit que très-lentement, parce que tous ceux qui ſe ſentoient quelque talent pour écrire, dédai-