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ni aux talens de Sophocle & de Démoſthène, ni aux lumières de Licurgue & de Platon, ni à la politique de Piſiſtrate & de Périclès, ni aux travaux de Phidias & d’Apelle. Tout a ſubi le joug du deſpotiſme, tout a péri ; & une nuit profonde couvre cette région, autrefois ſi féconde en merveilles.

Les eſclaves qui marchent ſur les débris des ſtatues, des colonnes, des palais, des temples, des amphithéâtres, & qui foulent aveuglément tant de richeſſes, ont perdu juſqu’au ſouvenir des grandes choſes dont leur patrie fut le théâtre. Ils ont dénaturé juſqu’aux noms des villes & des provinces. On les voit ſurpris que le déſir d’acquérir des connoiſſances ramène dans leurs foyers des ſavans ou des artiſtes. Devenus inſenſibles aux reſtes inappréciables de leur ſplendeur anéantie, ils déſireroient au monde entier la même indifférence. Pour viſiter ces lieux intéreſſans, il faut en acheter chèrement la permiſſion, courir de grands riſques, & s’appuyer encore de l’autorité.

Ces peuples, quoiqu’en proie durant dix ou douze ſiècles, dans l’intérieur de leur