Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/418

Cette page n’a pas encore été corrigée

naturelle, auroit, après quelques eſſais, après quelques écarts, pouſſé très-loin ſa carrière ; & ſes ouvrages auroient eu un caractère de vérité qu’ils ne pouvoient avoir, exécutés moitié d’après nature, moitié d’après les productions d’une école dont l’eſprit lui étoit inconnu. Il étoit devant ces originaux comme devant l’œuvre du créateur. On ignore comment il s’eſt fait.

Cependant un goût sévère préſidoit à toutes les compoſitions de Rome. Il guidoit également les artiſtes & les écrivains. Leurs ouvrages étoient l’image ou la copie de la vérité. Le génie de l’invention, le génie de l’exécution ne franchiſſoient jamais les bornes convenables. Au milieu de l’abondance & des richeſſes, les grâces étoient diſpensées avec ſageſſe. Tout ce qui étoit au-delà du beau étoit habilement retranché.

C’eſt une expérience de toutes les nations & de tous les âges, que ce qui eſt arrivé à ſa perfection ne tarde pas à dégénérer. La révolution eſt plus ou moins rapide, mais toujours infaillible. Chez les Romains, elle fut l’ouvrage de quelques écrivains ambitieux qui ne voyant point de jour à ſurpaſſer ou