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qu’une caverne de bandits de la Grèce & de l’Italie : mais de cette écume du genre humain ſortit un peuple de héros, fléau de toutes les nations, vautour de lui-même ; un peuple plus étonnant qu’admirable ; grand par ſes qualités ; digne d’exécration, par l’uſage qu’il en fit au tems de la république ; le peuple le plus lâche, le plus corrompu ſous ſes empereurs ; un peuple, dont un des hommes les plus vertueux de ſon ſiècle diſoit : Si les rois ſont des bêtes féroces, qui dévorent les nations, quelle bête eſt-ce donc que le peuple Romain qui dévore les rois ?

La guerre, qui, des grands peuples de l’Europe, n’avoit fait que l’empire des Romains, fit redevenir barbares ces Romains ſi nombreux. Le caractère & les mœurs des conquérans, paſſant preſque toujours dans l’âme des vaincus, ceux qui s’étoient éclairés à la lumière de Rome ſavante, retombèrent dans les ténèbres des Scythes ſtupides & féroces. Durant des ſiècles d’ignorance, la force faiſant toujours la loi, & le haſard, ou la faim, ayant ouvert aux forces du Nord, les portes du Midi, le flux & le reflux con-