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par l’homme impérieux & dur. L’impôt eſt un joug peſant. Comment le portera-t-on, s’il eſt aggravé par la manière de le préſenter ? C’eſt une coupe amère que tous doivent boire. Si vous la portez bruſquement ou maladroitement à la bouche, quelqu’un la renverſera.

Ni par l’homme qui ignore la loi ; ni par l’homme qui la mépriſe pour ne s’occuper que du fiſc. Il eſt de l’intérêt du ſouverain que la propriété & l’induſtrie ſoient protégées, contre ſa propre autorité, contre les entrepriſes du viſir ſouvent inconſidérées, quelquefois dangereuſes. Un miniſtre qui ſacrifiera tout au fiſc, remplira les coffres de ſon maître ; il donnera à la nation & au trône l’éclat d’une puiſſance formidable : mais cet éclat paſſera comme l’éclair. Le déſeſpoir s’établira dans le cœur des ſujets. En mettant l’induſtrie aux abois, il aura tué la poule aux œufs d’or.

Ni par le légiſte hériſſé de formules & de ſubtilités juridiques ; qui entretiendra une querelle continue entre le fiſc & la loi ; rendra le fiſc trop odieux, & relâchera les liens d’une obéiſſance pénible, mais néceſſaire.